I. Introduction

Les bases de données (notamment MySQL) sont des éléments primordiaux dans un système d’informations. Elles sont incontournables dans de nombreuses entreprises et les données qu’elles contiennent sont souvent d’une importance cruciale. Ignorer la sécurité du système de gestion de base de données serait une erreur grave tant les conséquences d’une détérioration de la base pourraient s’avérer désastreuses.

Ce document explique quelques moyens simples d’améliorer et maintenir la sécurité de MySQL sous système Unix (Linux, BSD…). Il est bien sûr impensable de croire que les conseils de cet article suffiront à obtenir une sécurité optimale.

À l’instar de la sécurisation du SGBD, il faudra veiller à sécuriser le système d’exploitation de la machine hôte, les autres services actifs (serveurs HTTP, FTP…), le réseau, l’accès physique à cette machine et bien sûr vos applications (éviter les failles d’injection SQL).

II. Exécution du serveur : utilisateur système non privilégié

Après installation du serveur MySQL, beaucoup de personnes ont la fâcheuse habitude de lancer le daemon avec les privilèges de l’utilisateur système root. Ce choix peut s’expliquer par une envie d’utiliser la méthode la plus rapide : le serveur MySQL doit lire et écrire dans certains fichiers auxquels l’utilisateur régulier n’a pas accès ; en le lançant avec les privilèges root, on a l’assurance que MySQL aura les droits nécessaires.

Cette méthode d’exécution parait anodine. Cependant, elle peut conduire à des dégâts énormes. Le processus du daemon MySQL tournant avec les privilèges super-utilisateur, il a tous les droits sur le système. Imaginons maintenant qu’un pirate puisse prendre contrôle de ce processus (généralement par exploitation d’une faille de type buffer overflow dans MySQL), il deviendra dès lors le maître absolu de la machine hôte du serveur. Il pourra créer des fichiers, installer des programmes, lire des données confidentielles, ou supprimer des données.

Bien sûr, si une faille est présente dans MySQL, cela n’est pas la faute de l’administrateur. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’en protéger. Il est impossible d’empêcher un pirate d’exploiter une telle faille. Les seuls à pouvoir le faire sont les développeurs de MySQL AB, qui, dans une telle situation, proposeront une nouvelle version du serveur.

De son côté, l’administrateur du serveur peut limiter les dégâts afin que le pirate ayant pris le contrôle du processus MySQL ne puisse pas détruire autre chose que la base de données (ce qui n’est déjà pas mal !). Le principe est assez simple : créer un utilisateur spécial dont la seule fonction sera de lancer MySQL. Cet utilisateur doit posséder le moins de droits système possible. La solution optimale serait que cet utilisateur n’ait accès qu’aux fichiers propres à MySQL.

Les administrateurs qui ont suivi le fichier INSTALL ou la documentation officielle de MySQL auront remarqué que la création d’un utilisateur « mysql » est préconisée.

Pour les autres, nous allons voir comment y remédier. Les commandes suivantes permettent de créer un groupe système mysql ainsi qu’un utilisateur mysql appartenant au groupe précédemment créé.

# groupadd mysql
# useradd -g mysql mysql

Pour des raisons de sécurité, il est préférable de s’assurer que cet utilisateur ne puisse pas se logger et ne possède pas de home. La commande suivante permet de spécifier ces options sous OpenBSD. Les paramètres de la commande useradd n’étant pas les mêmes d’un système à l’autre, référez-vous au manuel (man useradd) pour obtenir une commande équivalente chez vous.

# useradd -d /nonexistent -s /sbin/nologin -g mysql mysql

Sous Linux, vous pouvez spécifier /bin/false en tant que shell de l’utilisateur pour qu’il ne puisse pas se logger.

Maintenant que notre utilisateur est créé, nous allons lui donner accès en lecture/écriture aux répertoires de données (tables, index, enregistrements…) de MySQL. Pour cela, nous allons le désigner comme propriétaire de ces fichiers. Par la même occasion, nous nous assurons que l’utilisateur système root est propriétaire des autres fichiers de MySQL :

# cd REPERTOIRE_MYSQL
# chown -R root .
# chown -R mysql data
# chgrp -R mysql .

La commande précédente suppose que le dossier de données de MySQL se trouve dans le même répertoire que les autres fichiers de MySQL. Dans le cas contraire, adaptez la commande selon votre installation.

Assurons-nous ensuite que seuls l’utilisateur et le groupe mysql puissent avoir accès aux fichiers de données :

# chmod -R 660 data
# chmod 700 data/mysql

Une fois les droits attribués, nous pouvons lancer le serveur MySQL en spécifiant que l’utilisateur mysql que nous venons de créer sera le propriétaire du processus. Pour cela, deux possibilités s’offrent à nous.

La première est de rajouter une option à la commande permettant de lancer le serveur MySQL :

# cd REPERTOIRE_MYSQL
# bin/mysqld_safe --user=mysql &

La seconde consiste à modifier le fichier de configuration de MySQL (ex : /etc/my.cnf) afin de spécifier que l’utilisateur par défaut pour l’exécution du serveur est mysql. Il ne sera dès lors plus nécessaire de le répéter lors du lancement du serveur.

[mysqld]
user= mysql

Vérifions enfin que notre serveur MySQL tourne avec des droits limités. Pour cela, nous allons utiliser la commande ps après lancement de MySQL.

ps -aux | grep 'mysql'

La première colonne du résultat de la commande indique le propriétaire du processus. Si votre configuration est correcte, vous devriez donc voir mysql.

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